Sans regret…
Ils étaient peu au sein de l’immense flotte des 124 J80 engagés dans ce 7ème championnat du monde de la Classe, a regretté la décision prise peu avant midi par le Comité de course de renvoyer les concurrents au port, dans l’attente d’une amélioration de la météo. Les 27 nœuds de vent relevés au secteur Nord Ouest dès la sortie du chenal menaçant de prendre encore plus de coffre dans la journée, la sagesse du verdict a rassemblé une belle unanimité sur les pontons Trinitains. Les 500 coureurs issus de 9 nations ont donc consacré, pour certains, leur journée à panser les bobos d’hier, et pour les autres à échafauder les stratégies pour les régates à venir, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles devraient se poursuivre dans du vent toujours aussi soutenu. Au terme des 3 manches validées hier, deux équipages ibériques se sont magistralement emparés du commandement, au nez et à la barbe des grands favoris Américains (Glen Darden,) anglais (Kevin Sproule) ou allemand (Ulrich Muenker) qui piaffent, effet de surprise passé, à l’idée d’en découdre avec des adversaires désormais bien identifiés.« Nous n’avons pas si souvent l’occasion de naviguer au sein de flotte aussi dense » explique Victor Lanier, actuellement troisième du classement général avec ses hommes de l’équipe de France militaire, « et le vent fort rend les phases de départ et de virements de bouée extrêmement délicates ». Même moue dubitative chez l’américain champion du Monde en titre Glen Darden qui a pu apprécier hier toute la magnifique rigueur du plan d’eau de la Baie de Quiberon quand le vent d’ouest rentre à plus de 25 nœuds ; « J’admire la maîtrise du Comité de course qui a parfaitement orchestré hier l’envoi des trois manches. Mais au-delà de 25 nœuds, les envois de spis deviennent très acrobatiques et il est dommage que l’issue des courses se joue sur des ennuis mécaniques… ».
Le championnat du Monde démarré hier dans des conditions proches de l’idéal marque donc le pas aujourd’hui. Les prévisions météos laissent planer le doute d’une nouvelle journée difficile demain. Pas de quoi pourtant démobiliser des compétiteurs qui ont goûté au sel de l’action et dont l’adrénaline boue depuis littéralement d’impatience. « On ne veut pas prendre de risque avec les hommes et le matériel » conclue le leader espagnol Ignacio Camino, « Mais ces conditions procurent tant de plaisir à naviguer que l’envie est grande d’aller tenter le diable. »
Le pavillon A envoyé au-dessus de l’aperçu annonçait peu avant 15 heures l’annulation pure et simple des régates du jour. Tous les concurrents étaient alors invités à se mettre à la disposition du comité de course demain matin jeudi dès 9 heures.
Ils ont dit :
Glen Darden (Le Glide-USA) Champion du Monde 2006
« C’est notre première régate ici et nous sommes très impressionnés par cette immense flotte, la plus importante jamais réunie, et par la capacité du comité de course à organiser à la perfection les régates. Il semble qu’il y ait toujours du vent en baie de Quiberon et ce plan d’eau est absolument fabuleux. Notre première journée est satisfaisante sans plus et nous avons pris la mesure du niveau très élevé de la compétition. Il va nous falloir donner à ces Espagnols un peu de compétition… »
Ignacio Camino (Nextel Engineering- Espagne)
« Nous avons eu une très bonne première journée. La clé dans ces régates en flotte est de s’extraire le plus vite possible du paquet et c’est exactement ce que nous avons fait. Il nous faut garder cette intensité toute la semaine car le niveau est élevé et les équipages très proches… »
Brèves :
En attendant Pékin…
Christophe Gaumont, brillant président du comité de course du championnat du Monde J80 – Toshiba, enseignant à l’Ecole Nationale de Quiberon, pressenti à une place au sein des comités de course aux Jeux Olympiques de Pékin, est satisfait de la première journée de navigation lancée hier en baie de Quiberon. « Nous avons réussi à accomplir une très belle journée de championnat hier. Les deux poules de 62 J80 ont navigué sur la même zone et dans le même vent grâce à des parcours « trapèze ». Il n’y a eu aucune attente entre les manches. Pour aujourd’hui, le vent était trop fort (30 nœuds) pour faire courir les voiliers. Ils sont sortis mais nous avons décidé de les faire rentrer en fin de matinée ».
Handi sport
Deux équipages, en préparation pour les Jeux Paralympiques de Pékin à l’Ecole Nationale de voile de Quiberon, disputent ces championnats du Monde.
Deux voiliers ont été spécialement adaptés par l’Ecole navale pour pouvoir faire naviguer les deux équipes à armes égales avec la concurrence « valide ». « Nous avons installé un banc de transfert sur le J80 » précise Jean-Jacques Dubois, entraîneur à l’ENV « afin que les deux équipages naviguent dans des conditions réelles de compétition en vue de notre préparation aux Jeux Paralympiques ».
Pour répondre à la spécificité du J80 un sportif valide complète l’équipage, avec la tâche de gérer la plage avant. Marcel Berthomme (paraplégique), Hervé Larhant (Uni jambiste), Thierry Crepel (double amputé fémoral), constituent l’ossature du premier équipage. Gérard Fulgoni (Uni jambiste), Nicolas Vimont-Vicary (non voyant) naviguent sur l’autre bateau affrété pour cette occasion. Ces sportifs inscrits dans la préparation paralympique naviguent habituellement en Sonar (quillard de sport à 3 équipiers), voilier peu distribué en France et en Europe.
14 J80 construits… par mois !
124 J80 régatent toute la semaine à La Trinité sur mer, démontrant toute le dynamisme de la Classe et illustrant le vif intérêt sportif des régatiers pour ce petit voilier tonique. Le chantier J Europe d’Olonne sur Mer en construit actuellement 14 unités chaque mois, un rythme que l’entreprise dirigé par Didier Le Moal va tenir durant les 6 prochains mois. Plus de 1 000 J80 naviguent déjà de par le monde.
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