Olé !
Le Comité de course aura décidément eu « le nez creux » en décidant de lâcher très tôt ce matin la meute des 124 J80 en baie de Quiberon pour profiter d’un bref répit entre deux coups de vent et lancer pas moins de trois courses entre 9 heures et 15 heures. Avec 17 nœuds de vent orienté à l’Ouest sur la ligne de départ et sur un plan d’eau enfin assagi, les deux ronds « jaune » et « bleu » divisant en part égale la flotte des concurrents ont enchaîné les départs sans coup férir. Avec la brusque bascule du vent au Nord Ouest, le fraichissement annoncé est arrivé et c’est dans des bourrasques à plus de 24 nœuds que furent jugées les dernières courses. Côté compétition, le show à l’espagnol se prolonge et les Ignacio Camino (Nextel Engineering) et José Torcida Seghers ont bien confirmé que la première place qu’ils se sont échangée tout au long de la journée n’était en rien le fruit de coïncidences. Victor Lanier maintient lui aussi avec succès un niveau de performance comparable à celui des Ibériques en s’octroyant deux victoires. Il doit cependant composer avec l’Anglais Kevin Sproul et l’Américain Glenn Darden, tous deux auteurs de splendides journées, à l’instar de l’allemand Ulrich Muenker régulièrement placé…. Ce championnat du Monde J80 – Toshiba préserve plus que jamais le secret d’un verdict dont on ne connaîtra vraisemblablement l’issue que samedi au terme du dernier bord de la dernière régate…
Choc de titans
Avec cette seconde journée de course et au terme des 6 manches validées, la Direction de course va à présent pouvoir diviser la flotte non plus arbitrairement en deux ronds de couleurs « jaune » et « bleue », mais désormais en fonction des résultats obtenus, les soixante premiers au classement général se rencontrant à partir de demain au sein du rond « Or », tandis que les 60 moins bien classés s’affronteront dans le rond « Argent ». C’est à un choc de titan que la baie de Quiberon doit s’attendre puisque les principaux protagonistes jusqu’alors divisés en deux groupes vont tous se retrouver bord à bord sur une même ligne de départ ; l’occasion pour les étonnants leaders espagnols venus de Santander de s’affronter pour l’enjeu suprême et de subir de pleins fouets les ambitions ouvertement affichées des Français de l’Ecole Navale ou des spécialistes anglo-saxons. C’est à fleurets non mouchetés que se poursuivra demain la quête pour le titre mondial.
Olé Ignacio !
L’Armada espagnole (6 bateaux dans le top 50) a sérieusement aiguillonné les ambitions des autres favoris. Jamais dans la jeune histoire de ces championnats du monde J80 – Toshiba, le titre n’a échappé au « local de l’étape ». Victor Lanier (Equipe de France militaire) a aujourd’hui fait le maximum pour que cette maxime soit cette année encore une réalité. Il signe deux victoires mais aussi une 8ème place heureusement vite oubliée. Autre protagoniste venue de Fort Worth au Texas faire mentir cet axiome, l’américain Glenn Darden a malheureusement mis un genou à terre lors de la dernière manche et dû mesurer combien le moindre fléchissement dans une flotte aussi compacte se paie cash en nombre de places perdues. Kevin Sproul a lui aussi tout donné mais ne peut ce soir s’empêcher de glisser un regard admiratif et quelque peu chargé d’incompréhension vers ces diables d’Ibériques à qui tout semble réussir : « Leurs départs sont fabuleux et on a l’impression que quel que soit le côté du plan d’eau choisi, la réussite sera de leur côté ; et puis, quelle vitesse au portant !!! » Le principal intéressé Ignacio Camino, skipper de Nextel Engineering et leader du général ce soir partage le même étonnement de se retrouver à si belle fête. La flotte de J80 espagnole qui s’étoffe à vitesse supersonique (près de 100 unités livrées cette année au delà des Pyrénées) ne navigue véritablement que depuis octobre dernier. Mais avec quelle intensité ! « Nous nous retrouvons chaque semaine à Santander à 20 ou 30 J80. Un ponton nous est dédié et nous naviguons en flotte avec assiduité » explique Ignacio. « Nous sommes très surpris de nos performances ici car le niveau est très relevé. Rien n’est encore joué car nos adversaires montent en puissance. Il n’y a pas d’antagonisme entre les équipes espagnoles et nous allons tous jouer notre partition sans pression d’aucune sorte. » Discours différents au sein d’une équipe de France Militaire en pleine confiance. Les hommes de Lanier brûlent de se confronter aux « ogres » espagnols. On vous le dit, avec tous les ténors réunis en même rond « Or », ce championnat du monde déjà passionnant entre dans une phase dès plus palpitante…
Ils ont dit :
Ignacio Camino « Nextel Engineering », Premier du général : « Nous serons 5 bateaux venus de Santander à entrer demain dans le rond « Or ». C’est pour nous une très heureuse surprise que je n’explique que par le travail réalisé cet hiver depuis que nous avons reçu nos J80. Le plan d’eau de La Trinité est fabuleux et le Comité de course fait un travail formidable pour lancer les manches avec autant de bateaux. La régate en flotte ne nous dépayse pas car nous nous entraînons régulièrement à plus de 25 ou 30 bateaux chez nous en Cantabrie. Les conditions musclées que nous rencontrons ici nous surprennent un peu mais le J80 est un bateau très « fun » dans la brise et nous prenons un plaisir immense à régater ici. »
Marie-Claude Heys « Jenga Tacktick » 42ème : « Il y a vraiment un gros niveau sur l’eau. Le clapot était important au près ce qui ne rend pas les choses faciles. Nous manquons de vitesse. Nous allons détendre notre gréement pour espérer aller plus vite demain. Par contre, au portant, nous avons la vitesse ».
Patrick Bot « Ecole navale CG29 » 12ème : « Nous ne réalisons pas une superbe journée. Nous avons le potentiel mais on n’arrive pas à transformer l’essai. Les 5 premiers au classement général dispose d’une vitesse impressionnante et ils sont agressifs sur l’eau, un facteur primordial pour être devant ».
Kevin Sproul « The Duke » 4ème : « Belle journée de navigation ! Nous ne faisons pas de fautes. Pourtant, les voiliers Espanols sont toujours devants. Je pense qu’ils prennent les 3 meilleurs départs de la journée ».
Denis van den Brink, Tanguy Blondel