Etonnants Espagnols
On attendait Sproul (GB), Muenker (All.) ou Darden (USA), mais la première journée très tonique des championnats du monde de J80 de la Trinité sur Mer a souri à d’étonnants espagnols venus de Santander truster premières places et accessits tout au long des trois manches du jour. L’exceptionnel rendez vous Mondial des J80 tient toutes ses promesses à la faveur de conditions météos idéales pour pousser coureurs et voiliers à l’extrême limite de leur endurance et de leur potentiel. Les 124 monotypes alignés ce matin au départ, soit le double du nombre d’engagés l’an passé lors du dernier Mondial Américain, s’en sont donnés à cœur joie dans un vent soutenu qui a atteint les 30 nœuds lors de la dernière manche. L’occasion pour nombre de bateaux de battre leurs records de vitesse avec des pointes GPS à plus de … 18 nœuds !Jose Torcida Seghers et Ignacio Camino s’interpellaient joyeusement sur les pontons Trinitains au soir d’une journée particulièrement brillante pour les deux équipages du Real Club de Santander. Avec deux victoires chacun dans leurs ronds respectifs sur trois manches disputées, les espagnols ont impressionné jusqu’aux plus grands spécialistes du moment, l’anglais Kevin Sproul et l’Allemand Ulrich Muenker en tête : « Les espagnols vont vraiment vite » soulignait Sproul, pourtant lui-même auteur d’une bonne journée avec une victoire à son actif. « Nous savions les Espagnols bien préparés mais nous ne les attendions pas à si belle fête dans du vent fort. » Car le vent s’est invité en force à la Trinité sur mer, soufflant de l’ouest à plus de 20 nœuds à l’heure du coup de canon, pour flirter avec les 30 nœuds lors du dernier bord de portant de l’ultime manche du jour. « Lors de notre dernier bord sous spi, nous avons enregistré une pointe à 18,5 nœuds » s’exclamait un Kevin Sproul hilare, le visage blanchi par le sel. « Le voilier disparaissait littéralement sous l’eau au vent arrière. C’était sportif, mais « so much fun ! ». L’espagnol Jose Torcida Seghers n’exprimait pas autre chose en se félicitant du gros travail de fond effectué tout l’hiver et en flotte à Santander dans la perspective de ce Mondial ; « C’était vraiment une journée pour aller vite » souligne t’il, « mais le vent s’est fait irrégulier sur la fin et au cœur d’une flotte si dense, la lecture du plan d’eau devient parfois très difficile… »
Les favoris ont donc pris leurs marques en Baie de Quiberon et déjà pointent aux avant postes les « pointures « attendues, de Sproul et Muenker au Texan tenant du titre Glenn Darden bien décidés à surveiller au plus près dès demain des équipages espagnols rapides et tactiquement très en phase. Côté Français, 4 équipages entrent ce soir dans les 10 premiers. Le très attendu Victor Lanier, double champion de France de Match Race affiche ses prétentions et pointe à la troisième place derrière les espagnols. Les sociétaires du YC Crouesty Luc Nadal, et Sylvain Pélissier, ainsi que le « prof » de l’Ecole Navale Patrick Bot ont toute la journée régaté au plus près des meilleurs mondiaux et se placent ce sopir dans le Top 10. Le vent fort a aussi prélevé son écot de casse et d’abandons et une vingtaine de J80 ont ainsi pour une raison ou pour une autre rejoint prématurément les pontons.
Ce septième Championnat du Monde de la dynamique Classe des J80 a ainsi démarré de la plus belle des manières avec trois manches très sportives, acrobatiques même, validées par le Comité de course. La journée de demain mercredi devrait être de la même veine qu’aujourd’hui, avec du vent et… du soleil ! Premier signal d’attention : 11 heures.
Ils ont dit :
Kevin Sproul (The Duke –GB) :
« Une superbe journée ! très physique, très dure par moment mais durant laquelle nous avons pris beaucoup de plaisir. Nos résultats nous satisfont (Premier, troisième, septième), dans la mesure où nous cassons une drisse de spi dans la dernière manche. Nous avons réparé et avons effectué un dernier bord fantastique, avec une pointe de vitesse record pour notre bateau de 18,5 noeuds ! »
Ignacio Camino (Nextel Engineering –Espagne) Premier au général.
« Nous nous sommes bien préparés pour ces championnats du Monde bien qu’ayant seulement pris possession de notre J80 en octobre dernier. Mais il existe une forte émulation entre de nombreux régatiers à Santander qui se sont formés sur des First Class 8. Nous avons aussi beaucoup étudié les Français ainsi que le plan d’eau de la Trinité. Cela a payé pour nous aujourd’hui. Nous devons nos succès du jour à d’excellents départs qui nous ont permis de nous dégager rapidement du gros de la flotte. La densité de bateau est impressionnante, même s’il y a eu quelques moments très chauds… »
Ulrich Muenker (Needles and Pins- All.)
« Nous avons cassé pas mal de petits matériels, et surtout avons éclaté un spi lors de la dernière manche dans du vent très fort. Cette flotte est vraiment incroyable et c’est un bonheur de naviguer ici. Le J80 est un super petit bateau, raide au près et très véloce au portant. Avec le clapot, les bords de portants étaient très… humides. »
Denis van den Brink